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MUKTA : Nouvel album - World, Jazz, electro

Mukta - World MusicEn 2008, MUKTA, puisant toujours ses racines dans une multitude de sources, nous revient, encore novateur avec "Invisible Worlds" son cinquième album. On y retrouve un son d'une fraîcheur, d'une sérénité et d'une pureté qu'on peine à trouver aujourd'hui. Ni vraiment Jazz, ni franchement World ou Electro, mais teinté de Soul et mâtiné de Groove. MUKTA c'est un peu tout cela, bien dosé, comme de la grande cuisine. Inspiré...
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Mukta « Invisible worlds »

Bassofone ! Sortie le 20 mai 2008

Fusion sans foison. Fusion aérée. Quoique assez dense et excitante par endroits : « velvet lotus ».

Dans « Crystal vision » et dans plusieurs autres morceaux, une sourdine dans le pavillon de la trompette, une sourdine comme chez Miles qui nous l’a rendue si intime. On dit Miles. Les amateurs, les connaisseurs, savent de qui on parle avec seulement le prénom. C’est peut-être logique. Il y a bien plus de Davis que de Miles dans le monde du jazz. On sait de qui il s’agit lorsqu’on dit Billie. Comme en France « Johnny ». « Adolphe » en Allemagne peut être, mais calmons nous. Et ce n’est pas systématique. Si le prénom est courant, il passe à la trappe. Il ne suffit pas d’être le plus fameux John pour que le prénom fasse patronyme. Alors on dit Coltrane. C’est qu’il y a beaucoup de John et bien des Charlie. Bizarrement c’est arrivé à Rousseau côté philosophie. On dit « Jean-Jacques ». Y a t-il si peu de Jean-Jacques en Suisse? Rousseau est tellement Jean-Jacques qu’à Nantes on dit: rue Jean-Jacques. Pourtant s’il y a une rue Descartes on ne dit pas rue René. C’est comme ça. On veut dire qu’il n’y a pas de règle. A Nantes on boit du blanc, on mange des huîtres. Et dans les huîtres parfois: des perles. Mukta c’est « perle » en Sanscrit. Basé à Nantes, le groupe de Simon Mary, depuis plusieurs années, mêle délicatement les sons indiens et occidentaux. Dans «Crystal Vision» des violons font de la musique de chambre et un sitar la fait devenir: de chanvre. Puis vient la flûte. Les puristes n’aiment pas les fusions. Mais avec la musique indienne, des puristes cohérents pourraient déjà rejeter les influences Moghol. Ainsi qu’au Magrehb, celle des arabes et au Pérou celle des Incas qui colonisaient les indiens des Andes. Les puristes sont fous de pureté. Ils pourraient rejeter un Ram Narayan qui ne jouerait pas sur un sarangi vintage. Il faut savoir que nous sommes par delà tradition et modernisme. On peut tout aussi bien entretenir des traditions qu’ouvrir des portes. Il y a maintenant longtemps que des Georges Harrison et des John Mc Laughling ont attiré l’attention des masses mélomanes sur les musiques de l’Inde et ont permis en retour le crossover de Ravi Shankar. Au fond, Toutes les fusions sont permises. C’est affaire de goût. Du goût qu’y mettent les musiciens qui s’autorisent des voisinages. Tout peut arriver. Je ne pense pas qu’il existe déjà en Inde des artistes qui auraient mis, par exemple, du musette dans la musique carnatique en la mâtinant de post Krautrock, mais la mandoline du fabuleux U Shrinivas n’est pas de tradition. Qu’en disent les puristes? Tout peut se produire. Ecoutons Mukta et ses « Invisible Worlds ». « Fly 336 » évoque plutôt les orchestres des années soixante dix à l’orientalisme décomplexé. Les bandes son de John Barry ou même de Quincy jones. Et c’était souvent préférable au néo symphonique d’un John Williams. Musiques de films. Il y a encore cette saveur. Dans « infinite spiral ». Il y a du monde, il y a DES mondes dans « One for Turiya » et même des mondes visibles. C’est un étonnant morceau dédié à Alice Coltrane. Il s’ouvre avec chant et Tampura. On est en Inde. Puis le sitar insiste sur une coloration devenue gamme espagnole, comme pour nous indiquer que tout cela n’est pas sans rapport. On sait que les gitans ont leur origine au Rajasthan. Alors ça fait un peu soft flamenco: Saviez vous que le kilt n’est pas du tout une vieille tradition écossaise? On le doit à un anglais du 18e siècle. Alors pour s’instruire on lira « L’invention de la tradition » un ouvrage sous la direction d’Eric Hobsbawn et Terence Ranger, avec un très intéressant chapitre sur l’Inde victorienne. Mais revenons à « One for Turiya ». viennent alors des arrangements qui sont comme un coup de chapeau au Gil Evans de « Porgy and Bess » et de « Sketches of Spain ». On n’en finirait plus de souligner les nombreuses références qui émanent des morceaux qui ont donné cet album.

Il y a des parfums d’Afrique, des couleurs caraïbes et tout est toujours finement posés. C’est que dans ce genre d’affaire comme dans bien d’autres, il faut d’abord de bons ingrédients. Les musiciens de Mukta sont excellents. Ensuite c’est le cuisinier qui compte.
v En l’occurrence, le chef c’est Simon Mary. Sans être un grand spécialiste, j’ai souvent écouté de la musique indienne. J’étais à Delhi pour un mariage le 4 janvier 2000. A la une du quotidien « The Pionner » je vois Zakir Hussein accroupi devant des fleurs. Elles recouvraient la dépouille de son père, Allah Rakha, mort d’une attaque cardiaque causée par la récente disparition de sa fille attaquée de la même façon. L’article disait: il était aux tablas ce que sont Shelley et Keats à la littérature anglaise. J’aimais beaucoup ce musicien, depuis, le journal traîne chez moi d’une pièce à l’autre, je n’arrive pas à le ranger à le jeter.

C’était un mariage à la manière traditionnelle, on faisait cortège avec cheval et musique dans la rue. Ensuite se déroulait une cérémonie avec un religieux qui, sollicitant l’attention des époux, manipulait du riz selon le rite. Français, le marié légèrement irrespectueux me faisait remarquer: On dirait la cuisine de Maïté. Il exagérait, le geste était plus délicat que ceux de Maïté. J’imaginais la grosse dame qui massacrait des anguilles à coup de gourdin sur une chaîne de télé dans les années quatre vingt mariant un indien et une française. Il me venait l’idée d’un faux documentaire où l’on ferait passer cette tranquille sauvagerie de la dame pour une tradition. J’aimerais inventer des traditions. Voire, de fausses fusions. Mais je m’égare, j’oublie Mukta. Il est des fusions pauvres et agaçantes. Celle de Mukta n’en fait pas partie. Qui devinerait, à l’écoute de Mukta, que le sitariste chanteur est canadien et qu’au lieu de s’appeler Kumar comme tout le monde, il se nomme Michel Guay. C’est qu’il a passé douze ans à étudier la musique en Inde. Et Simon Mary, le maître d’œuvre qui a le sens de l’espace et des basses obsédantes doit être salué pour tenir si bien la barre en cette période difficile pour la bonne musique. C’est l’amour de la musique; de toutes sortes de musiques qui réunit les musiciens de Mukta. « Invisible words » vient après « Indian sitar & world jazz » « Jade » et « Dancing on one’shands ». Espérons qu’il y aura d’autres albums. D’ici quelques années, vous irez faire vos emplettes en Tata Nano. La moins chère des petites voitures. Elle vous viendra d’Inde. Vous aurez également un ordinateur avec un processeur, Shiva ou Ganesh, concurrents de Wong qui auront écrasé les marques américaines et vous ne pourrez plus vous en tenir à certaines musiques. Grâce à Mukta, vous aurez évolué. Et vous écouterez peut-être Subramaniam ou Chaurasia aussi facilement que votre cousine écoute Céline Dion.

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