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Midem 2005 : le retour…

Midem 2005C’en est fini pour moi depuis mercredi matin de ce véritable marathon que constitue chaque année le Midem, à courir d’une conférence ou d’un stand à l’autre, pour prendre la température du marché international de la musique.


Il faut dire qu’on était bien loin de l’excitation générale qu’a suscité le tout premier Midemnet en 2000. Cette année là, Internet, que l’on avait poliment invité à l’apéritif de la grande messe annuelle de l’industrie du disque, s’était incrusté jusqu’au dessert et, en véritable « bad boy », en avait même volé la vedette. Le réseau des réseaux débarquait en force au Midem. Michael Robertson, alors P-dg de Mp3.com, se payait même le luxe de prédire aux maisons de disques leur disparition prochaine. L’arrogance des acteurs du Net n’avait d’égale que leur valorisation boursière démesurée et l’incompréhension entre les deux univers était totale.

Assomés dès le dimanche matin par l’annonce d’un projet de fusion entre les maisons de disques Warner et EMI (la Commission européenne s’y est finalement opposée), les acteurs de l’industrie de la musique avaient fini par afficher une drôle de gueule de bois. Pourtant, les ventes de disques venaient d’atteindre leur plus haut niveau historique et Napster, qui n’avait alors que quelques mois d’existence, ne représentait pas encore une menace tangible. Mais c’est un véritable tremblement de terre qui devait malgré tout secouer le Palais des festivals de Cannes cette année là, dont les répliques se font encore sentir aujourd’hui. Dès lors, plus rien ne devait jamais être comme avant.

Musique en ligne : un consensus bien mou…

Cinq ans après, les choses ont bien changé. Et c’est un consensus bien mou qu’ont affiché acteurs de la musique en ligne et industrie du disque lors de ce Midemnet 2005. Derrière un enthousiasme de façade, le constat est pour le moins amer. Malgré le succès d’Apple, les ventes de musique en téléchargement n’ont représenté tout au plus que 0,9 % du chiffre d’affaires mondial de l’industrie en 2004 et de nombreux obstacles, au premier rang desquels les problèmes d’interopérabilité, compromettent sérieusement le développement de ce marché. Sans compter que ce modèle de vente en ligne n’est pas rentable pour les distributeurs eux-mêmes (cf. un de mes précédents posts à ce sujet).

Selon les chiffres communiqués lundi par le SNEP (Syndicat national des éditeurs phonographiques), la vente de musique dématérialisée a généré un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros en France l’an dernier, mais les trois quarts sont imputables aux sonneries pour téléphones mobiles. Le téléchargement seul n’a donc représenté qu’un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros environ, soit 0,2 % du marché. Si l’on tient compte du fait que la plupart des plateformes de distribution électronique ne se sont lancées qu’au second semestre, on peut certes évaluer son potentiel à 0,4 % du marché, mais c’est loin de compenser la chute des ventes de singles enregistrée en 2004, qui fut de 31,6 % en valeur et de 21,4 % en volume.

Le seul panel un tant soit peu animé de ce Midemnet fut celui consacré au « remodelage » du paysage de la musique en ligne (« Phase Two – Reshaping the Face of Digital Music »). « Depuis ce matin nous ne parlons que de téléchargement, mais c’est l’abonnement qui est une véritable innovation », a fini par s’énerver Brad Duea, président de Napster US. « C’est l’accès illimité à la musique sur le PC et les lecteurs mobiles qui marchera », a-t-il asséné, après que Christophe Cuvillier, vice-président de la FNAC pour l’international et le développement ait concédé : « tel que le marché est structuré, il pratiquement impossible pour les distributeurs de gagner de l’argent [avec le téléchargement ] ».

Fort engouement pour la « Mobile Music »

Dan Sheeran, Senior Vice-président de Realnetworks pour les opérations internationales, a livré pour sa part quelques chiffres intéressants. Il nous a appris notamment que Rhapsody compte à ce jour 600 000 abonnés, qui écoutent en moyenne 250 titres par mois. « Aux Etats-Unis, il y a actuellement un à deux millions d’abonnés à Rhapsody ou Napster qui paient environ 10 dollars par mois et personne n’en parle », s’est-il étonné. « Nous estimons que l’abonnement deviendra plus important que le téléchargement dès 2008 », a-t-il confié, précisant qu’un service comme Rhapsody était déjà rentable pour RealNetworks. Mais tout le monde s’est accordé sur un point : il faudra faire beaucoup d’efforts en terme de marketing pour expliquer aux consommateurs ce que sont les services sur abonnement et les convaincre de se tourner vers eux.

C’est finalement le forum Mobile Music qui a remporté le plus grand succès auprès des participants de ce Midem 2005, avec une fréquentation en hausse de 20 % par rapport à l’an dernier. L’auditorium Esterel du Palais des Festivals affichait complet dimanche après-midi. Il faut dire que les ventes de sonneries pour mobiles rapportent déjà beaucoup d’argent. Au cours d’un interview qu’il m’a accordé à l’issue de la conférence, Cédric Ponsot, président d’Universal Mobile, m’a confié que le marché de la personnalisation des mobiles, dont les ventes de sonneries représentent les deux tiers, s’est élevé entre 3,5 et 4 milliards de dollars en 2004, essentiellement entre le Japon, la Corée du Sud et l’Europe. « On s’attend à ce que le marché complet de la personnalisation [incluant le téléchargement] atteigne 10 milliards de dollars dans les années 2008-2010 », a-t-il ajouté.

Il y a encore beaucoup de choses à dire sur ce Midem 2005, et j’y reviendrai dans les jours qui viennent. Le plus surprenant fut certainement de voir le logo de Napster, ex-ennemi public numéro un de l’industrie du disque, s’afficher sur tous les sacs remis aux exposants, participants et journalistes, et se promener pendant cinq jours d’un bout à l’autre de la Croisette, et dans les travées du hall d’exposition. Il trônait même sur un panneau géant au frontispice du Palais des Festivals, aux côtés d’une autre marque unanimement célébrée, celle du iPod d’Apple. Cinq ans en arrière, arborer ouvertement ce logo aurait valu à l’impénitent de se faire fusiller du regard. Mais ce symbole fort du Midem 2005 n’a plus rien aujourd’hui de très révolutionnaire. Je regrette presque d’avoir laissé mon tee-shirt BitTorrent à la maison. 

27/1/2005 Par Emmanuel Parody @ 17:35

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