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Jérôme Roger (UPFI) :

Le marché du disque va mal, mais sa consommation ne s'est jamais aussi bien portée


Que pensez-vous de la politique de lutte contre la piraterie menée actuellement par la RIAA aux Etats-Unis ?
Soyons clairs : la piraterie, c'est du vol et je n'ai aucune indulgence pour cette forme de délinquance. Toutefois, je ne pense pas que la politique de répression de la RIAA qui consiste à criminaliser les internautes soit très efficace. Plutôt que de s'en prendre aux internautes, je préfère responsabiliser les fournisseurs d'accès à Internet. Ou bien ces derniers acceptent de coopérer avec les producteurs de musique, ou bien leur responsabilité devra être engagée s'ils ne font rien pour empêcher l'accès aux contenus illicites. Mais, pour moi, il faut établir une distinction entre les accrocs de la piraterie en ligne et les internautes qui le font par frustration. Frustration, parce qu'ils estiment que les CD sont trop chers et qu'ils ont envie d'accéder à des titres qu'ils n'entendent jamais à la radio, ni à la télévision, et qu'ils ont peu de chance de trouver dans les linéaires des grandes surfaces.
La piraterie en ligne contraint l'industrie du disque à revoir dans l'urgence tous ses modèles économiques : pourquoi le prix d'un disque est-il déclassé six mois après ? Dans ce cas, à quoi bon l'acheter tout de suite, surtout si c'est pour retrouver les meilleurs titres sur une compilation qui est éditée trois mois après la sortie de l'album ? Si un album ne contient que deux ou trois bons titres, à quoi bon l'acheter ? Quelle est la valeur d'un artiste à l'heure de la télé-réalité musicale ? Bref, les Producteurs Indépendants considèrent qu'il ne suffit pas de lutter contre la piraterie. Il ne sera sans doute même pas suffisant de multiplier les offres légales et payantes de musique en ligne. Il faut également revoir le modèle économique de notre industrie. La standardisation des critères de production et la concentration du marché du disque ont transformé le CD en un produit de consommation courante qui a terriblement perdu de sa magie pour le consommateur.

Comment s'y prendre pour favoriser le développement légal de la musique en ligne ?
Aujourd'hui, les producteurs n'ont plus le choix, de toute façon une grande partie de leurs catalogues est déjà présente sur le réseau. Gratuitement. Et ce sont les intermédiaires qui s'enrichissent aux dépens des créateurs : les télécoms, les fabricants de micro-ordinateurs, les FAI... Le marché du disque va mal, mais la consommation de musique ne s'est jamais aussi bien portée. Si l'on devait évaluer en chiffre d'affaires toute la valeur ajoutée que représente l'utilisation immatérielle de la musique, le poids économique de l'industrie du disque augmenterait de façon spectaculaire. Voilà l'énorme défi qui nous attend : transformer en revenus, pour les producteurs de musique, l'exploitation immatérielle de la musique qui leur échappe presque totalement. Cela demande une réflexion à tous les niveaux : favoriser, en premier lieu, les services riches en titres musicaux et permettre le gravage des titres téléchargeables sans trop de restriction. Offrir des "plus produits" au consommateur pour le détourner du peer-to-peer. D'ailleurs, le peer-to-peer n'offre pas une bonne qualité d'écoute et il sature la bande passante. Ensuite, il faut s'interroger sur les profits réalisés par les télécoms et les fabricants d'ordinateurs grâce à l'utilisation des oeuvres protégées comme produits d'appel. Je ne serais pas choqué par l'établissement d'une redevance pour compenser la perte de revenus que nous subissons du fait de cette "évasion" de revenus.
La dématérialisation de la musique est, à terme, un phénomène inéluctable, quoique le CD ait encore de beaux jours devant lui. Nous sommes entrés dans une période de transition qui est celle de tous les dangers. Mais, je suis positif : à terme, nous en sortirons renforcés à condition que les maisons de disques acceptent de revoir leurs modèles économiques et qu'elles embrassent Internet sans aucune restriction.

Les propositions de l'UPFI pour un fonctionnement plus équilibré de l'industrie musicale en France
- Redynamiser l'offre en magasin, élargir le référencement dans les lieux de vente
- Sortir des modèles économiques dominants en ce qui concerne la production discographique (en termes de promotion et de marketing)
- Favoriser le développement du marché de la musique en ligne
- Redonner au CD plus de séduction et accélérer le développement du DVD musical et des nouveaux supports (SACD)
- Diminuer le prix du disque grâce à la baisse de la TVA
- Réguler les activités de diversification des chaînes de télévision et des radios dans l'édition phonographique
- Assurer une meilleure exposition des variétés sur les chaînes du service public
- Assurer une plus grande diversité dans la programmation musicale des radios privées et favoriser le développement de réseaux alternatifs
- Favoriser les systèmes de protection des CD qui limitent la copie sans l'interdire
- Disposer d'un arsenal répressif efficace
- Mettre en place un système fiscal incitatif en faveur des producteurs afin de renforcer leur capacité d'investissement dans le développement des carrières d'artistes.


Raphaële Karayan, JDNet


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